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Paul M. : « avec mon entreprise, j’ai connu une crise »
En 2000 Paul M., ancien salarié dans l’industrie et le bâtiment, crée son entreprise de plomberie-chauffage-électricité en SARL à 25 Km de Tours. Les premières années l’activité est bonne, l’entreprise emploie jusqu’à 10 compagnons et 2 apprentis. Paul M. peut alors se verser une rémunération confortable. En 2011 les premières difficultés se présentent et marque de manière insoupçonnée le début d’une lente descente aux enfers. Retour avec Paul M., 52 ans, sur cette expérience douloureuse de chef d’entreprise.
Au début…je ne me suis pas vraiment inquiété…
Au début je ne me suis rendu compte de rien. Quand on est aux commandes on apprend à surmonter les difficultés les unes après les autres. Alors je ne me suis pas vraiment inquiété. En 2012, premier coup dur, j’ai perdu 100 000 € sur un gros chantier. À l’époque l’entreprise se portait bien, le carnet de commande était rempli et j’étais optimiste sur notre capacité à remonter la pente. L’année suivante, alors que notre trésorerie était encore tendue, j’ai eu de sérieux problèmes avec deux de mes salariés qui m’ont envoyé aux Prud’hommes.
« La trésorerie est clairement passée dans le rouge »
À l’époque la procédure et les honoraires d’avocats ont coûté 30 000€ à l’entreprise. Suite à ça le climat s’est dégradé avec l’équipe et en 2014 des malfaçons mal maîtrisées ont été constatées sur certains chantiers ce qui a entraîné des retards de paiement. La trésorerie est clairement passée dans le rouge et là-dessus en 2015 la conjoncture est devenue mauvaise et mon chiffre a baissé de près de 50 %. J’ai dû me séparer de 3 salariés supplémentaires (et des 2 apprentis) en peu de temps. C’est douloureux d’en venir là mais je n’avais plus le choix.
J’arrivais tout juste à payer mes 5 employés…
Je n’ai pas pu réagir tout de suite car la situation a continué à se dégrader et semblait complètement m’échapper. Déjà j’étais désespéré, car ma trésorerie était extrêmement tendue et c’est très stressant de ne pas pouvoir voire venir. Ensuite j’avais du retard dans le paiement de mes cotisations au RSI, je craignais de ne plus pouvoir payer la TVA et les charges sociales.
« Cette épée de Damoclès occupait tout mon esprit et m’empêchait d’y voir clair »
J’arrivais tout juste à payer les salaires de mes 5 employés et l’idée de les priver de leur emploi me torturait. Cette épée de Damoclès occupait tout mon esprit et m’empêchait d’y voir clair. Je ne pouvais pas en parler avec mon banquier au risque qu’il me coupe les vivres. Mon expert-comptable a bien essayé de me rassurer mais il était trop éloigné de mon quotidien et de mes préoccupations pour être de bon conseil. Je n’osais pas non plus trop aborder le problème avec ma femme qui m’aide déjà beaucoup dans les tâches administratives en plus de son travail. Je me suis alors retrouvé bien seul au creux de la vague par choix mais aussi par dépit. Je n’en dormais plus et le stress minait mon énergie et mon moral.
Dès ce premier rendez-vous, ils m’ont mis sur la piste…
C’est à la chambre des métiers que j’ai trouvé l’info. J’ai appris qu’une association recevait des chefs d’entreprise pour faire le point sur leur situation. Je n’étais pas très chaud au départ car c’est déjà difficile de parler de ses problèmes à ses proches alors à des inconnus…J’y suis quand même allé et j’ai rencontré deux personnes de l’association Soutien Entrepreneur. Je leur ai tout dit, sans tabou, et dès ce premier rendez-vous ils m’ont mis sur la piste de ce qu’il fallait faire dans l’urgence : trouver des accords, sur un an au moins, avec les créanciers les plus pressants (soit environ 25.000 € au total) ; RSI, URSSAF et TVA notamment. Ça a l’air évident mais j’étais vraiment paumé et ce seul conseil c’était déjà beaucoup pour me remettre en piste.
« …ils m’ont conseillé de réorganiser mon entreprise comme on élague un arbre… »
Ensuite, ils sont allés plus loin dans l’analyse complète du fonctionnement de mon entreprise et de son environnement avec un vrai diagnostic puis un plan d’action que je devais mettre en place. Je dois dire que mon sentiment était mitigé car c’était une vraie remise en question de ma manière de travailler. En gros ils m’ont conseillé de réorganiser mon entreprise comme on élague un arbre – j’aime bien cette image – de couper certaines branches pour en faire pousser d’autres. : abandon de l’activité de plombier-chauffagiste que je maîtrise moins bien, démarche commerciale plus active (utilisation de tous les outils actuels de communication), sélection des chantiers et étude plus précise des devis, gestion du prix de revient de chaque chantier, formation des salariés, recherche de nouveaux secteurs de développement, dans la domotique notamment. Je suis reparti avec ce plan sous le bras et j’ai demandé à mon expert-comptable de m’aider à établir un « business plan » avec ces nouveaux éléments. Aujourd’hui, je ne suis pas encore sorti d’affaire, mais je vois mieux où je vais et j’ai retrouvé le moral !